La glaise et les mots

L'enfant

Charlie, la belle endormie

au ventre bien arrondi, 

s'attache à la vie

éclaboussant d'amour son enfant à naître.

Mon stage chez Frédéric Duca (Fredange Sculptures), à Saint-Médard-en-Jalles 2016

Une mandibule, un juge de paix, une diagonale,

une caroncule, un périoste et un raton laveur.

 

 

Que dire de ma semaine d’apprentissage à l’ASA, chez Fredange sculptures, dans l’atelier de Frédéric DUCA à Saint-Médard-en-Jalles ?
Tout commence par une envie folle d’évoluer au sein de mon petit univers devenu étriqué, entre argile et terre chamottée.
Après avoir surfé, je déniche enfin ce stage tant recherché qui doit me permettre d’avancer et de moins douter. Je veux sculpter l’humain… Il me faut acquérir technique et savoir.
Prête à avaler 2000 bornes, je délaisse ma douce côte d’Opale pour rejoindre celle d’Argent et m’installer pour une semaine juste à côté du grand océan.
Ce lundi matin me voici tôt levée, impatiente de découvrir cet atelier que j’ai imaginé. 
Mon GPS me guide vers Pierre Ramond, tout au fond de son impasse. Quelques pas, puis je découvre l’endroit un peu à l’écart de la route, entre potager et salon d’été.
Frédéric m’accueille, souriant, me présente Sylvie qui, comme moi, désire dompter ses doigts. De larges baies éclairent l’endroit, il y règne une douce chaleur, l’ardant poêle à bois aidant.
Nous faisons connaissance, échangeons sur nos attentes, nos besoins, nos envies. Nous découvrons un maître de stage passionné, attentif et cultivé. Je me sens sereine, je ne me suis pas trompée, je vais bien bosser, c’est sûr !
D’un coup, un immense malaise m’envahit : Taurus m’observe, l’élément Terre m’interroge, les visages fragmentés me dévisagent, Sandra se moque et… Alain Juppé essaie de me séduire ! Il y a du monde !
Ah, ah, ah… Je reprends mes esprits et me retrouve très rapidement dans le vif du sujet.
Attention Mesdames et Messieurs, dans un instant ça va commencer, de l’os au périoste, de la sclérotique jusqu’au zygomatique, sans oublier le « al » de nasal, septal, palpébral, lacrymal, pariétal et temporal, proximal et distal, bien avant le « ule » de clavicule, mandibule, caroncule, lobule et tubercule. 
Puis, les jours suivants, attention aux sens des muscles, dépression et jonction, septum et philtrum, convexe et concave, 9 à l’envers ou 6 à l’endroit, oreille droite ou oreille gauche ? Sortez le juge de paix ! Le sillon labial n’est jamais droit au repos, l’oreille est placée postérieurement à l’intersection des diagonales, faut un quartier d’orange pour une oreille, pas de terre sur la rondelle, plantez les pouces, angle de 10° par rapport à la verticale, 5 yeux en largeur, regardez Oscar, faut un bel arrondi vu du dessus, dégagez la conque, le conduit auditif est planqué en biais derrière le tragus, faut planter l’outil magique, placez les sternocléidomastoïdiens et n’oubliez pas d’arrondir la trachée artère, faut 6 plans pour le nez, tant qu’à faire mettez vous dans l’axe et n’oubliez pas que le cerveau ne donne jamais la bonne solution en premier !
Certains soirs, je rentre au logis épuisée, parfois même découragée.
Cependant, le lendemain matin, je repars, m’éloignant de l’indomptable et puissant océan, Je roule tranquillement au beau milieu de ces landes mystérieuses en ce mois d’octobre, tant la brume les recouvre d’un voile de soie grise en un dégradé extraordinaire. Mon esprit vagabonde et je puise mon énergie inlassablement dans ce spectacle grandiose, au lever du jour et suis joyeuse de pousser une nouvelle fois la porte de l’atelier.
Ce stage est intensif et d’une telle richesse ! Jamais plus je ne sculpterai comme avant, mon regard a changé, plus critique, plus exigeant.
Toutefois, je ne suis qu’au début de la route, le chemin est long, interminable même. J’ai quelques outils en main, le travail me permettra d’avancer ainsi que le souvenir de ces heures de formation.
Merci Frédéric d’avoir amené mon cerveau en ébullition!
Merci pour tant de partage, d’attention, de pédagogie, de patience, d’intelligence.
Merci de m’avoir montré le chemin du geste efficace, de la main agile, du regard modifié.
Et puis, Bonne route à toi, l’ARTISTE !

 

La matière et le geste

 

 

La main caresse la glaise, l'enveloppe, les doigts glissent, s'échappent, l'ongle lacère, impose, les outils guident et offrent force et repères.

l'esprit s'évade alors, l'âme respire, et parfois d'un coup les mains s'agitent, presque sous dépendance, l'émotion se pose, l'invisible s'inscrit dans la terre, les rondeurs explosent, les creux se forment, les lignes se dégagent, le visible surgit, lumineux, comme une évidence, une renaissance...

 

Hommage à ma grand-mère.

 Victoria, je me souviens.

 

C’est curieux, à l’époque je n’ai jamais eu l’idée de lui demander si elle avait connu Georges Mauffait, cet audruicquois du blanc bouillon, aviateur qui mourut trop tôt.

En effet, c’est au bord de la rue qui porte le nom de ce jeune résistant que la minuscule maison de ma grand-mère se dressait en plein cœur d’Audruicq, à deux pas de la place, du monument aux morts, des marronniers, de la droguerie de Monsieur Cailliez, de la maison de Léa et de  la boutique de Monsieur Legrand, meilleur  fabriquant de saucisse de l’ancien pays de Brédenarde.

 En poussant la porte d’entrée de ce logis lilliputien, on accédait  à la pièce de vie au sol paré de carreaux de ciment blancs, gris et noirs. A droite, l’unique chambre meublée de deux lits dont l’un, haut sur pattes, accueillait le sommeil et les ronflements réputés de la maitresse des lieux. Entre ces 2 meubles se dressait l’immense armoire de pitchpin abritant encore la robe de mariée noire et brodée, souvenir du temps passé. Juste en face, une jolie table de nuit décelait un trésor : cette fameuse petite boîte ronde et rouge avec inscrits en lettres blanches les mots « Pastilles Pullmol », remplie de ces fameux bonbons au goût prononcé de menthol et d’eucalyptus. Ma grand-mère savait user d’une méthode très efficace pour endormir rapidement ses petIts enfants en déclarant haut et fort «  le premier qui dort aura un bonbon ! ». Elle pouvait alors accéder au repos bien mérité vêtue d’une simple cotonnade blanche brodée et d’un petit bonnet également blanc qui laissait échapper une longue mèche de cheveux argentés et tressés.

 Au petit matin, j’adorais l’observer lorsqu’elle brossait patiemment sa longue chevelure platine préalablement aspergée de brillantine. Ca sentait bon ! Puis elle créait une natte qu’elle enroulait avec dextérité au niveau de la nuque et maintenait à l’aide que quelques épingles à chignon adroitement placées. Un cran sur le devant terminait cette immuable coiffure. Elle était jolie ma Mémère, toujours parfaitement peignée, le visage marqué de ses yeux malins gris bleus, les pommettes saillantes, la fine bouche rieuse…

rieuse…

Victoria

Oser

Victoria

Oser !

 

Oser les lignes courbes, les rondeurs,

Oser les formes épanouies et pulpeuses,

Oser la féminité, la générosité,

Oser la fragilité, la sensibilité,

Oser le partage,

Oser l'amour, 

Oser l'essentiel,

Oser ...

 

Maliha

Par Jean-Pierre JOYEZ

 

Terre d'Afrique, 

Terre volcanique,des extrêmes, terre féerique,

Désert de pierres, sol lunaire,

Porte de l'enfer, oasis verts.

 

Caravanes, savane, mirages ;

Peuples nomades aux fiers visages,

Beauté des femmes sous les voilages,

Enfants grouillants sur tes rivages.

 

Univers de feu ou bucoliques,

Instant troublant, même idyllique,

Infini lacté  du firmament,

Solitude, plénitude d'un moment ...

 

Bientôt

Par Jean-Pierre JOYEZ


De mon errance

Que d'expériences...

De ma désespérance

Naîtra mon espérance.

 

 L'enfant qu'ardemment j'ai souhaité,

Me viendra, par un beau soir d'été.

Il sera mon bonheur, ma fierté,

ma raison, mon ivresse, ma destinée.

 

Je lui donnerai mon amour,

Je l'aimerai pour toujours,

Jusqu'au jour du sans retour

Où je partirai sans détour.

 

 En attendant, je veux vivre ma vie,

La remplir de désirs, satisfaire mes envies ;

Aduler ceux que j'aime, chérir à l'infini.

Laisser le temps s'envoler, vers un destin accompli.

 

Sur mon rivage

Tu ne fus qu'un mirage.

De ma désespérance

est née mon espérance.

Les petites Mamans

Afghan

Afghan

 

Par Jean-Pierre JOYEZ 

Depuis tôt ce matin,

Je vais sur ce chemin.

Pour un morceau de pain,

En vain je tends la main.

 

Dans le froid perfide,

Ma triste vie se vide.

Dans cette pantomime,

Je ne suis plus qu'un mime.

 

De mon pays j'ai fui

Pour me faire des amis.

De mon pays j'ai fui

Et je n'ai qu'ennemis.

 

Eternel sans papiers,

Je vais de quai en quai,

Sans rien pouvoir donner,

Désespérant d'aimer.

 

Ne pas perdre l'espoir,

Sursoir au désespoir,

Oser des rêves de gloire,

L'amour en ma mémoire ...

 

Date de dernière mise à jour : 09/12/2020